Mon frère depuis tout petit est passionné d’agriculture. Déjà vers 6 ou 7 ans, il tière (attache au piquet) un petit taureau en plastique à proximité de la maison. Il participe à tous les travaux de la ferme. Il accompagne Papa dans toutes ses tâches. Il aime s’occuper des vaches et conduire le tracteur. Après le collège à l’abbaye de Montebourg, il s’inscrit au lycée agricole de cette même vénérable institution dirigée par des frères où furent nos parents et grands-parents. Mais il n’est pas toujours en accord avec l’enseignement qu’il reçoit. Certaines des choses qu’on lui apprend vont à l’encontre de son héritage traditionnel et de l’éducation de respect de la vie donné par nos parents. Les vaches ne sont plus que des UGB, la terre, des surfaces à exploiter. Le but est de mettre le plus d’UGB (unité de gros bétail) par hectare avec le moins de main d’œuvre possible. Tout cela à grands renforts de produits chimique et de matériel mécanique toujours plus sophistiqué. Il est vrai que cela est bien tentant, même exaltant. L’industrie ne fait elle pas la même chose ? Le gouvernement n’obligent t’il pas les paysans à imiter le modèle industriel ? La vie quotidienne n’est-elle pas plus facile et plus radieuse avec la modernité ? Et tant pis si les vaches et les animaux en général, ne deviennent que des choses, des objets dont on peut faire ce que l’on veut. Au début, cette agriculture semble fonctionner. Mais nos parents qui ont une avance intellectuelle certaine, savent dès le début des années 1960 que c’est une erreur, une mauvaise route, une voie sans issue pour les paysans et pour la société et l’environnement tout entier. Non seulement nos parents ont compris cela dès les années 1960, mais ils expliquent, exposent, démontrent et pratiquent une autre agriculture, une autre voie de développement. Mais nom d’un chien !, Que se sont ils fait des ennemis ! Y compris chez les frères de l’enseignement agricole. Mon frère Pierre et nous autres enfants Godefroy élèves du collège, subissions des brimades et des moqueries jusqu’à l’humiliation. La « bio », ils détestaient cette idée. Ça les rendait malades.
Pierre actuellement est un expert reconnu dans les cultures céréalières en agriculture biologique. Des agriculteurs en conversion bio ou souhaitant se perfectionner trouvent conseils auprès de lui. Il est également le meilleur producteur de lait pour sa qualité de la laiterie « les Maitres laitiers du Cotentin ».
Avec son épouse, il élève avec soin ses animaux et entretien méticuleusement sa terre et ses cultures sans l’intervention d’aucun intrant chimique.


